Gaël Le Guillou-Castel


Comment définissez-vous votre travail artistique avec des amateur.es ?

La question est ardue, car pour moi il y a avant tout des acteurs et des actrices. Ils peuvent en faire profession ou pas, être jeunes ou plus âgé.e.s, avoir trouvé une place dans le monde ou peiner à s’y tenir. Dans un groupe, il y a avant tous un ensemble d’humanités que j’ai envie de rencontrer. Ensuite, il y a l’histoire que nous allons inventer ensemble. Chaque année, chaque création, chaque groupe sont différent.e.s. Pour cette fois, l’atelier a pour point de départ le désir que nous avions, Flora et moi, de poursuivre une camaraderie professionnelle initiée l’année dernière. En jouant sur nos complémentarités. Elle est plus actrice, je suis davantage metteur en scène, mais elle met en scène et je joue. Nous venons d’expériences très différentes, et c’est autour d’un texte fort que nous proposerons au groupe d’explorer ces deux approches complémentaires de l’acte de création. On peut déjà dire qu’il sera question de révolution!

Quelle est la rencontre artistique qui t’a marquée ?

Je vais volontairement faire un pas de côté par rapport à l’attendu que suppose la question. Une des rencontres artistiques les plus marquantes de ces dernières années a été le travail que j’ai mené avec des personnes de l’Association d’Aide à l’insertion Sociale – Maison Relais de Vitré. J’ai créé, en écriture de plateau, un repas-spectacle avec un groupe de résidents, qui sont tous dans des difficultés de vies. Nous avons dû répéter assis, l’état de santé des acteurs ne me permettant pas de recourir aux exercices habituels de pratique théâtrale. Dans les quatre mois qu’a duré cet atelier hebdomadaire, nous avons appris à nous rencontrer et à construire, pudiquement, une œuvre. Ils ne se pensaient pas d’aller jusqu’à la rencontre avec le public, mais il y a eu tant de grâce chez eux lors de la représentation que j’en ai pleuré.

Une phrase clé

« Raconter le Monde, ma part misérable et infime du Monde, la part qui me revient, l’écrire et la mettre en scène, en construire à peine, une fois encore, l’éclair, la dureté, en dire avec lucidité l’évidence. Montrer sur le théâtre la force exacte qui nous saisit parfois, cela, exactement cela, les hommes et les femmes tels qu’ils sont, la beauté et l’horreur de leurs échanges et la mélancolie […] »

Jean-Luc Lagarce dans Revue d’Esthétique n°26 Jeune Théâtre 1994
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