Comment définissez-vous votre travail artistique avec des amateur.es ?
J’adore la pédagogie. Elle a toujours été essentielle dans mon parcours d’actrice. J’ai débuté au sortir de l’école du TNB, à 21 ans; j’enseignais à des ados en Lycée, montais un spectacle avec des élèves de primaire, dirigeais une lecture publique avec des adultes à l’ADEC, partais en résidence en immersion au sein d’un collège pour un spectacle éphémère… Très vite, je suis intervenue pour des ateliers adultes ou ados dans le cadre d’associations ou MJC, en parallèle avec les ateliers dans le milieu scolaire. Ce qui me plaît avant tout, peu importe le cadre et le public concerné, c’est de regarder des acteurs et actrices travailler. Les observer, les aiguiller, les aider, la direction d’acteur/d’actrice pure. Etre une actrice qui en dirige d’autres, avec le jeu au centre, l’interprétation dans tous ses aspects (technique, émotionnel, corporel, imaginaire…) Emmener les actrices et acteurs sur le chemin de l’appropriation d’un texte, d’une parole, d’un corps, d’une voix, d’un rôle en somme, m’a toujours passionnée. Et c’est un travail à double-sens, qui me nourrit, si bien qu’aujourd’hui je suis aussi metteuse en scène. J’éprouve de plus en plus de plaisir et d’engagement à m’investir dans des projets d’actions culturelles sur le long terme, avec un spectacle à la clé où on peut aller au bout d’un travail et même expérimenter plusieurs représentations. Des projets où je suis directrice d’acteurs et d’actrices mais aussi metteuse en scène pour le coup.
Quelle est la rencontre artistique qui t’a marquée ?
Plein !.. J’ai été marquée par divers artistes et pour des raisons plurielles : Stanislas Nordey, alors directeur pédagogique de l’école du TNB, qui m’a transmis la gourmandise du travail, l’exigence et l’engagement nécessaires dans ce métier ; Marine Bachelot Nguyen, avec laquelle je travaille régulièrement et partage son amour d’un théâtre politique, féministe, questionnant les schémas de domination de race, de classe et de genre ; Thomas Jolly ami et compagnon de route depuis l’école, avec 12 ans d’une vie de compagnie aux épopées artistiques et aventures humaines initiatiques, travaillant en collectif où l’acteur déploie son créateur ; Et si je dois citer un choc artistique qui m’a profondément marquée et bousculée pour sa folie, son travail d’actrice impressionnant et déroutant, c’est Valérie Dréville dans Médée Matériau d’Heiner Muller mis en scène par Anatoli Vasiliev, il y a 15 ans.
Une (courte) citation
« Le Vent souffle..C’est d’abord une voix dans le vide, un souffle à l’intérieur d’un trou, un manque dans le silence de l’air. »
Fernando Pessoa