directrice artistique de la compagnie Zusvex
Quelle est la rencontre artistique qui t’a marquée ?
Le spectacle Macbêtes du Théâtre de la Licorne est un spectacle qui m’a marquée : deux comédiens aux corps transformés et grossis racontaient l’histoire de Macbeth en manipulant sur une table des insectes en fer. Ces insectes en fer représentaient les différents personnages de l’histoire. La déformation des corps des comédiens m’a plu car celle-ci leur permettait d’étirer sans retenue la monstruosité de leurs personnages et de pousser à l’extrême les situations dramatiques. Le comique qui découlait de ce jeu bouffonesque m’a touchée car loin d’atténuer la violence du texte, il la mettait en évidence, la renforçait. Les comédiens manipulaient les objets en écho à leurs personnages de roi et de reine qui abusaient de leur pouvoir sur leurs sujets : le choix d’utiliser ces objets amenait du décalage et des champs de jeu larges grâce aux différents rapports d’échelle. Joué en appartement, ce spectacle impliquait de la part des comédiens un jeu étroit avec le public qui servait l’intensité de l’histoire.
Comment définis-tu ton travail artistique avec les comédiens amateurs ?
Qu’il s’agisse de créer un spectacle à partir ou non d’un texte, le corps est à la base de mon travail artistique. Corps transformés ou non, j’accorde une importance à l’enjeu physique du comédien sur le plateau. Il s’agit de trouver des démarches qui donneront de l’épaisseur aux personnages et de la matière à jeu pour les comédiens. Quand il y a un travail sur un texte, il m’intéresse de chercher des contraintes de jeu extérieures à ce texte (l’objet ou le corps) pour amener le comédien à faire surgir la parole de manière presque intuitive et ce pour éviter de « jouer l’émotion ». Sensible au personnage du bouffon, personnage qui s’amuse à pousser les situations à l’extrême pour mieux les dénoncer, je m’aperçois que mon inclination pour lui est présente dans le travail que je peux mener avec les comédiens amateurs même quand il ne s’agit pas clairement d’une « création bouffon » : cette envie de détourner par le rire le tragique est toujours présente et quand il y a création d’un spectacle à partir d’un texte il est souvent choisi parce qu’il porte cette « rupture bouffonesque ».
Une (courte) citation qui te plait ?
« Bien adresser n’est pas petite affaire »
de Jean de La Fontaine
« Si Dieu n’existe pas, tout est permis »
extrait de Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski
Courte biographie
Marie Bout est comédienne et metteur en scène. Elle dirige la compagnie Zusvex. Elle a mis en scène Lettres des Iles Baladar de Jacques Prévert et Ô ciel la procréation est plus aisée que l’éducation de Sylvain Levey. Elle est comédienne dans Elle rit quand on la cuit, un spectacle qu’elle a créée avec Anne-Laure Pigache. Avec son personnage de clown-bouffon « Irina Dachta », elle participe à des parcours-spectacles et des impromptus poétiques. Elle créera début 2009 Alice pour le moment de Sylvain Levey, spectacle dans lequel elle sera comédienne.